L’objectif du sous-projet « consensus national » consistait à déterminer un ensemble de mesures de qualité pour les services canadiens de soins de première ligne en santé mentale, reflétant le point de vue de multiples acteurs, et propres à favoriser l’amélioration de la qualité.
L’étendue du projet a été établie en tenant compte de la disponibilité des ressources, de notre engagement à utiliser un modèle reposant sur un consensus et de notre détermination à assurer une contribution nationale et interprovinciale dans la conception d’un cadre de travail pour le projet.
En janvier 2004, un sondage a vérifié auprès de chacun de nos sites partenaires (AB, CB, SK, ON, QC) leur temps et leur disponibilité, de même que leurs idées concernant les buts et les objectifs révisés du projet. Déjà, en mars 2004, un comité de pilotage et un groupe consultatif étaient créés. Le noyau central du comité de pilotage était composé d’experts représentant les universités de Colombie-Britannique, d’Alberta et de Saskatchewan, les universités ontariennes de Toronto et de Western Ontario, ainsi que de l’Institut national de santé publique du Québec.
Le comité de pilotage, par un processus consensuel, a défini plus en détail les tâches et les échéanciers de cette initiative. Cette composante de « mise en place des étapes » a permis de tracer un cheminement en trois étapes successives (voir la figure ci-dessous), chacune d’elles contribuant à la mise en place d’une démarche pour un consensus national relativement aux soins de première ligne en santé mentale et à la mesure de qualité. Au cours de ce processus préliminaire, le projet AMCQ s’est retrouvé face à un défi capital : limiter l’étendue du projet tout en assurant, de manière continue, une « adhésion » interprovinciale.
L’établissement de partenariats avec six sites localisés dans cinq provinces (AB, CB, SK, ON, QC).
La création de quatre sous-projets: « consensus national », « transmission des connaissances », « analyse des données », et « recherche et évaluation ».
La création d’un processus consensuel utilisant des boucles de rétroaction avec les partenaires en vue d’assurer une cohérence avec les objectifs poursuivis par le Fonds pour l’adaptation des services de santé.
L’officialisation des processus visant le consensus interne et la transmission et l’échange de connaissances de manière à favoriser la collaboration pour l’élaboration de mesures de qualité dans les soins de première ligne en santé mentale. On s’est assuré d’inclure – selon les règles de l’art – les meilleures pratiques ainsi qu’une méthodologie et une documentation fondée sur les données probantes concernant la mesure de qualité, et ce, à partir des travaux de Stephen Campbell (UK).
Le défi actuel de s’engager dans le travail que représente la mesure de qualité dans les soins de santé est comparable à celui de tenter de se diriger dans une grande pièce non éclairée en n’utilisant qu’une lampe de poche! On doit choisir l’endroit où pointer la lumière de manière à se diriger dans la pièce efficacement et en toute sécurité. D’une façon analogue, pour ce qui est de la mesure de qualité dans les soins de santé, il n’existe pas actuellement d’ensemble idéal de mesures qui nous permettrait de saisir totalement le système dans son intégralité.
Dans la première étape, afin de relever le défi que représente un nombre illimité de mesures de qualité éventuelles, notre comité de pilotage a choisi d’élaborer une démarche visant à déterminer – par l’atteinte d’un consensus – des domaines d’importance et d’intérêt (c’est-à-dire vers où le projet dirigerait « la lampe de poche dans la pièce non éclairée »). Dans la foulée du projet, l’équipe a élaboré un cadre de référence concernant les multiples aspects des soins de première ligne en santé mentale (domaines). Ce cadre de référence a été adapté à partir du cadre de référence sur les indicateurs de soins de santé primaires élaboré par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) ainsi que du cadre élaboré en santé mentale par Richard Hermann (2002). Des domaines additionnels ont été ajoutés à ces cadres de référence de manière à améliorer leur pertinence pour les soins de première ligne en santé mentale. Ces domaines additionnels ont été générés grâce à un processus consensuel impliquant une représentation élargie de groupes d’acteurs et par l’utilisation de références additionnelles provenant de la documentation scientifique actuelle.
L’élaboration d’un cadre de référence inclusif des domaines tenant compte de la documentation existante; de même qu’une rétroaction des multiples groupes d’acteurs concernés.
Les sites provinciaux ont recruté des participants en fonction des groupes d’acteurs retenus pour assurer la transmission et l’échange de connaissances concernant les domaines retenus et le travail entrepris par le projet.
La formation de liens avec l’Initiative canadienne de collaboration en santé mentale.
La participation au premier sondage d’un total de 145 cliniciens, décideurs et représentants d’utilisateurs de services de santé mentale, issus de cinq provinces (AB, CB, SK, ON, QC).
L’atteinte d’un consensus national pour les 22 domaines retenus sur 81 domaines possibles.
La formation de liens en matière de transmission et d’échange des connaissances avec des instances décisionnelles des différents paliers gouvernementaux (fédéral, provincial et territorial, et régional).
L’équipe nationale responsable de la transmission et de l’échange de connaissances a commencé à dresser la liste des leaders d’opinion nationaux appartenant aux quatre groupes d’acteurs retenus en collectant et en regroupant l’information les concernant.
Lors de la deuxième étape de l’initiative, nous avons mené un second sondage auprès d’un groupe d’experts nationaux et internationaux, afin de repérer les meilleures pratiques et les mesures de qualité existantes associées aux domaines ou aux secteurs d’intérêt déterminés lors de la première étape du projet.
La réalisation d’une revue de la documentation scientifique sur les meilleures pratiques et sur les mesures de qualité par le truchement d’un sondage consultatif mené auprès d’universitaires, de chercheurs, de cliniciens, de décideurs et d’usagers des services de santé mentale - ou de leurs représentants – au courant des meilleures pratiques en soins de première ligne en santé mentale dans chacun des 22 domaines ayant obtenu un consensus national. On a demandé aux personnes sondées de proposer de meilleures pratiques et des mesures de qualité quand la documentation était insuffisante ou inexistante.
Une base de données sur les mesures de qualité a été créée, comportant des fonctionnalités (par exemple, repérer les publications, de même que procéder à des recherches) pour aider à analyser les résultats du deuxième sondage et pour faciliter la prise de décision concernant le contenu du troisième et dernier sondage du projet. Toutes les meilleures pratiques et les mesures de qualité qui ont été retrouvées (environ 3000) sont compilées dans cette base de données.
Les membres du groupe sur l’analyse des données ont travaillé sur une méthode ou un système de cotation permettant d’apprécier la vraisemblance des données utilisées pour les mesures de qualité. Ces résultats préliminaires ont servi lors de la deuxième étape portant sur la revue de la documentation, en aidant à la conception de formulaires de révision et de fiches d’extraction utilisées pour sélectionner les meilleures pratiques et les mesures de qualité.
L’expansion et la poursuite des processus liés au consensus national et à la transmission et à l’échange de connaissances :
La formation initiale d’un réseau pour la transmission et l’échange des connaissances en matière de soins de première ligne en santé mentale avec la participation de près de 300 personnes issues des différents groupes d’acteurs à l’échelle du Canada, et ce, avec une représentation de chaque province et territoire. Le futur réseau de l’AMCQ pour la transmission et l’échange de connaissances devrait favoriser une collaboration et un échange de connaissances fructueux, ce qui contribuera à l’amélioration de la qualité dans les soins de première ligne en santé mentale à travers le pays.
La diffusion concernant le projet – par le truchement de liens établis avec d’autres projets, avec des organismes de recherche de première importance, ainsi que par une présence lors des nombreux événements nationaux, provinciaux et régionaux – est largement décrite dans la section réservée aux activités de diffusion de ce rapport.
Lors de la troisième étape du projet, nous avons mené un troisième et dernier sondage auprès de divers participants, issus de toutes les provinces et territoires du Canada, avec une diversité d’acteurs intéressés.
La réalisation d’un sondage postal de type Delphi en deux volets.
Chacun des volets comportait un sondage d’une durée approximative de 90 minutes.
Les cotes de pertinence, d’utilité (applicabilité) et d’importance générale ont été recueillies pour 160 mesures auprès des 212 personnes interrogées au dernier sondage, avec un taux de réponse de 80 %.
L’utilisation d’une méthodologie visant un consensus auprès des provinces et territoires ainsi qu’auprès des groupes d’acteurs pour se restreindre à un ensemble de 30 mesures finales, et l’obtention de variations significatives entre provinces et territoires et entre groupes d’acteurs.
La participation d’usagers ou de défenseurs de leurs droits, de cliniciens, d’universitaires et de chercheurs, ainsi que de décideurs des différents paliers gouvernementaux (régional, provincial, fédéral)
Un petit groupe de personnes détenant une expertise concernant les Premières Nations et les problèmes retrouvés dans le domaine de la santé en milieu rural était également impliqué dans le projet.
Une stratégie rigoureuse d’échantillonnage a été utilisée afin de garantir une représentation équitable de toutes les régions et de tous les groupes d’acteurs.
Les participants accordent beaucoup d’importance à l’applicabilité, ce qui conduit à une orientation « pragmatique » dans les résultats; une démarche de consensus rigoureuse et un processus reposant sur l’information provenant de données probantes donnent « le feu vert » pour l’action dans le contexte des réformes en cours dans les soins de première ligne en santé mentale.
Des résultats pour le projet ont été obtenus concernant les mesures – domaines prioritaires, les 30 mesures de qualité détenant les meilleures cotes, et la Base de données sur les mesures de qualité.
Paul Waraich
Professeur assistant
Département de psychiatrie de l’Université de Colombie-Britannique
Responsable du projet ACMQ et chercheur principal, CARMHA
Centre for Applied Research in Mental Health & Addictions
Faculté des sciences de la santé, Université Simon Fraser
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